Du gras et des épices
Ça sent bon la friture au Street Food Festival à Lausanne

Ce week-end de Pâques, le Street Food Festival s'installe à Lausanne. De la friture, des grillades et des desserts du monde entier: de quoi se remplir la panse en faisant de belles découvertes. Reportage.
Publié: 16.04.2022 à 10:44 heures
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Dernière mise à jour: 16.04.2022 à 11:54 heures
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Jessica ChautemsJournaliste Blick

- Vous écrivez sur tout ce que vous mangez?
- Oui, je suis journaliste. Je couvre ce festival.
- Sympa d’être payée pour bouffer.
- C’est sûr!

J’en profite pour faire ma pub.
- Je travaille pour Blick Suisse romande, vous connaissez?

Vendredi Saint. Sur le bitume qui s’étend en contrebas du casino de Montbenon, les stands s’alignent entre les arbres, et la foule déambule. C’est le Street Food Festival de Lausanne.

Grand-maman, papa, bébé et le chien – toute la famille profite du beau temps pour aller déguster quelques spécialités. Du ceviche au poulet satay en passant par les empanadas et le burger, il y en a pour tous les goûts. Les odeurs de viande grillée, de friture de pommes de terre et d’épices se mélangent dans un fumet international qui fait saliver. Pas facile de se décider, devant cette trentaine de stands. Mais l’union fait la force: mon copain, Mathijs, s’est porté volontaire pour venir avec moi et doubler les quantités ingérées.

Premiers plats

Calepin à la main, j’attends que mon okonomiyaki soit prêt. Oko… quoi? C’est une sorte de pancake japonais en plusieurs couches, préparé minute. La version que l’on me sert est originaire d’Hiroshima. Une louche de pâte forme une fine crêpe sur la plaque. Celle-ci est ensuite agrémentée d'une grosse poignée de chou, de pousses de soja et de poulet (optionnel). Sur une autre plaque, le cuistot casse un œuf, le cuit, puis retourne la crêpe et les légumes dessus. Le tout est ensuite arrosé d’une sauce à okonomiyaki, et décoré avec de la mayonnaise et de morceaux d’oignon frais. Après un bon moment d’attente, je repars à travers la foule avec ma portion.

Je retrouve mon copain sur un banc. M'apprêtant à couper ma première bouchée, je me rappelle que je dois prendre une photo. Ouf, juste à temps. Après avoir accompli mon devoir, je peux enfin déguster. Les légumes sont encore un peu croquants et le reste est moelleux. La sauce, qui est à la fois sucrée, salée et acide, relève les saveurs à merveille.

Après avoir dévoré mon plat, je prends deux bouchées de la sélection de mon copain. Il a choisi un Philly cheesesteak, un sandwich américain de la ville du même nom. Du pain brioché entoure du bœuf effiloché et du fromage fondu garni d’une riche sauce brune. C’est gras, c’est mou, c’est décadent. De la Street food bien comme il faut.

Autour de nous, grands et petits sont installés dans l’herbe ou aux tables montées pour l’occasion. L’ambiance est détendue. Certains sont organisés: ils ont amené des couvertures et de quoi occuper les enfants. Tout le monde mange avec les mains. Ça dégouline, on s’en met partout. C’est le principe, non?

Deuxième plat

Nous nous mettons en quête de notre seconde spécialité. Une échoppe, en particulier, attire notre attention. Deux femmes y trouent des courgettes et des demi-patates douces avec une perceuse. Les légumes et autres tubercules sont ensuite découpés en spirale avant de finir sur des pics en bois. Le troisième compère frit les brochettes avant de les saupoudrer d’un mélange d’épices. Je commande: «One Sweetato Twist please.» Ici, on parle anglais. Comme à près de la moitié des stands. De nombreux commerçants sont venus d’Outre-Sarine pour satisfaire les papilles des Romands.

Intriguée, j’ai envie d’en savoir un peu plus sur la pâte dans laquelle sont plongées ces brochettes avant friture. «It’s a secret. My grandmother made me promise I’d never tell anyone» («C’est un secret. Ma grand-mère m’a fait promettre de ne jamais rien dire»), rigole le propriétaire du stand. On n’en saura pas plus. Mais le résultat est réussi. La patate douce est croustillante à souhait, complimenté par le mélange d’épice. Comme une spirale de chips, mais en plus frais et plus gras.

Troisième plat

«Encore un truc et je suis calé», lance Mathijs. Il les avait repérés lors de notre premier passage; on se décide pour les poffertjes, ces mini pancakes néerlandais au nom imprononçable. Né aux Pays-Bas, il m’explique que ces petits disques de pâte cuite sont traditionnellement préparés pour les fêtes dans une poêle en fonte. «Normalement, ils sont servis avec du beurre et du sucre en poudre. J’en avais encore jamais vu au Nutella et aux smarties.»

Ici, les poffertjes sont cuits sur une grande plaque avec des dizaines de petites alvéoles. Après la distribution de la pâte, les pancakes sont retournés à l’aide d’une… fourchette à fondue. Les fameuses qui ont le manche en bois et une petite touche de couleur au bout, pour reconnaître la sienne. «Eet smakelijk!» nous souhaite la vendeuse. «Bon appétit», traduit mon copain, qui a saisi mon regard perdu. Nous avons choisi la version originale, à déguster avec des petits piques en bois. La pâte est moelleuse, aérée et légèrement sucrée. En deux minutes, notre barquette de dix poffertjes est vide.

Quatrième plat

Sur le chemin de la sortie, j’hésite: est-ce que je ne me laisserais pas encore tenter par une rafraîchissante paletas? Ces esquimaux mexicains faits à base de fruits et de sucre se déclinent en plusieurs arômes. La version framboise et hibiscus me fait de l’œil. Je cède à la gourmandise et me place dans la file, derrière un père et son fils. «Papa, t’avais raison. D’habitude c’est nul de sortir, mais là ça va.», admet le garçon. Je confirme. Il y a pire façon de passer son Vendredi Saint.

Les plats sont un peu chers, mais comme dans tout festival, l'on paye sans trop compter au nom de la «découverte». Si, au premier abord, l’importante présence des stands alémaniques surprend, elle contribue finalement à cette atmosphère multiculturelle. Aux abords des échoppes, ça parle anglais, espagnol, grec ou encore japonais.

Si je vous recommande d’aller faire un tour au Street Food Festival, ce n’est pas que pour les brochettes dégoulinantes – mais aussi pour l’ambiance décontractée. Flâner dans la foule en T-shirt, et s’installer dans l’herbe en grignotant; ça sent l’été. Et ça fait du bien. On avait presque oublié à quoi ça ressemblait... On vous laisse, cette fois. Direction un coin de pelouse, pour digérer au soleil.

Addition
1/2 Okonomiyaki végétarien7 CHF
Philly Cheesesteak15 CHF
Sweet potato twist9 CHF
Poffertjes8 CHF
Paletas5 CHF
Total 44 CHF

Street Food Festival à Lausanne
Esplanade de Montbenon
Samedi 16 et dimanche 17 avril, 11h45 - 23h30

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